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De cette époque, 750/800, datent les évènements qui vont conduire à la création d’un des tout premiers Royaume chrétien d’occident, sinon le premier : le Royaume de Navarre, d’abord appelé Royaume de Pampelune.

Leur expansion bloquée au sud par les Maures, les Wisigoth de Tolède progressent vers le nord, provoquant une organisation de la résistance des Basques.

Des chefs apparaissent qui, les batailles et les années passant, sont reconnus, fédèrent des troupes de plus en plus importantes, deviennent plus puissants et plus riches. Le pays s’est hérissé de châteaux au cours de ces siècles qui ont suivi la longue « pax romana »

Châteaux mais aussi sublimes monuments d’art roman qui seront conquis, détruits, repris, reconstruits,…, et dont certains seront un jour réhabilités en somptueux gothique.

En 714 les musulmans ont atteint l’Ebre. Ils réuniront leur armée à Pampelune pour passer les Pyrénées et aller se faire battre à Poitiers en 732.

Les rivalités entre musulmans inciteront Charlemagne, convaincu par Suleiman Al Arabi, wali de Saragosse, à s’intéresser à la péninsule où il entre en 778 « avec tout l’appareil guerrier qu’il put réunir », appareil guerrier regroupant des troupes de tout les pays constitutifs de son futur empire.

Son projet échoue en même temps que le siège de Saragosse; il repart vers le nord sans être poursuivi.

Mais il avait démantelé au passage les murailles de Pampelune, Navarrorum Oppidum, littéralement la place forte des Navarrais, contre lesquels il n’avait pourtant rien.

On connaît la suite, ceux-ci taclent son armée le 15 août 778 à Roncevaux.

Des historien français, Louis Halphen et Robert Fawtier entre autres, en diront :« l’échec (de Charlemagne) fut complet, l’expédition s’acheva en désastre qui faillit amener la ruine de l’empire ».

Musulmans au sud, Francs Carolingiens au nord, les Basques s’organisent, les clans s’allient ou s’opposent dans des conflits de prééminence.

Les musulmans de la vallée de l’Ebre sont dirigés par la famille des Banu Kasi qui sont en fait …des Basques islamisés, qui descendent …du comte Wisigoth Cassius !.

La famille basque des Eneko domine dans la région de Pampelune.

Les 2 clans font alliance contre les Carolingiens, les battent, expulsent les dirigeants nommés par les Francs, font alliance avec les comtes d’Aragon qui avaient aussi expulsé leurs carolingiens.

Le premier Roi de Navarre sera Eneko Aritza, fils d’un couple Eneko-Banu Kasi, le second Gartzea Iñiguez, puis Fortun Gartzez, de 800 à 905 pour la première dynastie des Aritza, suivie de celle de Ximeno,…

Il y aura de 16 à 18 Rois de 4 dynasties successives de 800 à 1234 pendant la haute époque du Royaume.
Le titre sera Roi de Pampelune jusqu'à Abarka et sa suite qui seront Roi de Navarre.
Les dates indiquées sont celles des règnes.

Dynastie ARIZTA (~800/816 à 925): cinq Rois pour certains, dont le 2 et le 3 seraient d'un autre lignage; trois seulement pour d'autres qui ne font mourir Gartzea Iñigez qu'en 882 (pour HDE ce sont des Comtes et non des Rois de Navarre)
1: ~800/816 à 851 Eneko Arizta (fils d'Eneko Ximeno Arizta)(800 – 843 pour HDE)
2: 851 - 870 Gartzea Iñigez (fils de 1)(843 – 880 pour HDE)
3: 870 - 882 Gartzea Ximeno N.
4: 882 Eneko Gartzez
5: 882 - 905 Fortun Gartzez "Okerra" (fils de 2)(880 – 905 pour HDE)

Dynastie XIMENO de Navarre (925 à 1076)
6: 905 - 925 Antso Gartzez I (fils de Gartzea Ximeno A.)(1er Roi de Navarre pour HDE)
7: 925 - 970 Gartzea Antxez I (fils de 6)
8: 970 - 994 Antso "Abarka"(fils de 7)
9: 994 - 1000/1004 Gartzea "Dardaka" (fils de 8)
10: 1000/1004 - 1035 Antso "Handia" (fils de 9)
11: 1035 - 1054 Gartzea "Naxera" (fils de 10), assassiné
12: 1054 - 1076 Antso "Peñalen" (fils de 11), assassiné, sans postérité.

Ces 2 derniers Gartzea IV (Naxera) en 1054 et son fils Antso IV ( Peñalen) en 1076, seront donc assassinés sous l’instigation des Rois de Castille ou d’Aragon qui auront toujours des visées sur le vieux Royaume de leurs propres ancêtres et finiront d’ailleurs par le dépecer.

Dynastie NAVARRE / ARAGON (1076 à 1134), les deux dynasties étaient proches cousines par les Ximeno de Navarre.
13: 1076 - 1094 Antso Ramirez, Roi de Navarre ; trône offert par les Navarrais
14: 1094 - 1104 Pedro Antxez, (fils de 13), Roi de Navarre.
15: 1104 - 1134 Alfontso Antxez "Gudularia" ou "Burrukaria", (frère de 14), Roi de Navarre, mort sans postérité.

 

Dynastie NAVARRE (1134 à 1234)
16: 1134 - 1150 Gartzea Ramirez "Osatzalea", Roi de Navarre, descendant de "Naxera", fils de Ramiro de Navarre, seigneur de Monzon, et petit fils du Cid Campeador ; trône offert par les Navarrais.
17
: 1150 - 1194 Antso "Jakintsua" ou "Jakituna", (fils de 16), Roi de Navarre.
18: 1194 - 1234 Antso "Azkarra", (fils de 17), Roi de Navarre, mort sans postérité.

Les terres sous l'autorité de Antso Azkarra couvraient, du Royaume de Leon à la Gascogne, plus de 5 fois le territoire basco-navarrais actuel

C’est sous l’autorité de Antso Azkarra en 1212 qu’eut lieu en Andalousie la bataille de Las Navas de Tolosa, déterminante pour la bonne fin de la Reconquista engagée déjà depuis 4 siécles, depuis la rebellion de Don Pelayo en 718.

Les troupes navarraises sous son commandement l’emportèrent, dit-on, sur la défense rapprochée du calife et cette victoire eut raison de la réputation d’invincibilité des musulmans.

 

Les Navarrais y gagnérent les armes de leur blason mais laissérent le bénéfice historique de leur action aux Castillans et perdirent de fait leur autonomie puisque ceux-ci la leur raviront 2 siécles plus tard.

 

Ximeno Fortunez de Lehet vit sous Gudularia, Roi de 1104 à 1134
Martin Ximenez de Lahet sous Osatzalea, Marie de Lahet aussi.

Dynastie de CHAMPAGNE
19: en 1234, le trône de Navarre passe à Teobaldo Lehena "Errege Bertsolaria", Thibaud le Chansonnier, le Roi Trouvère ou Troubadour, Comte de Champagne, fils de Blanka de Navarre, la soeur de Antso Azkarra.
20: .……..

Il y aura ainsi 23 autres Rois de Navarre à travers les Dynasties ou Maison de Champagne, Capétienne, d'Evreux, d'Aragon, de Foix, d'Albret, de Bourbon, de 1234 jusque :

41: 1572 - 1610 Henri III de Navarre "Biarnesa", Roi depuis 1572, descendant des dynasties des origines, notre frère béarnais de la branche Capétienne des Bourbons, devenu aussi par la suite Henri IV, Roi de France, en 1589. Il ne sera d'ailleurs Roi que de la partie française dite Basse-Navarre, la partie la plus vaste ayant été annexée en 1512 par Ferdinand "le Catholique", déjà Roi de Castille et d'Aragon, qui posait ainsi les prémices de l'Espagne actuelle

 

Mais avant "le Béarnais" d'autres Capétiens auront été Rois de France et de Navarre, souvent d'ailleurs Roi de Navarre avant d'être Roi de France, comme :

23: 1284 - 1305 où Philippe Ier le Bel "Ederra", sera Roi de Navarre par son mariage avec Jeanne de Navarre, Reine depuis 1274, avant d'être aussi en 1285 et jusqu'en 1314 Philippe IV le Bel Roi de France.
Puis, dans la série des Rois Maudits, ses fils ou petit-enfants:
24: 1305 - 1316 Louis Ier "Tematsua", Roi de Navarre en 1305 ou Louis X le Hutin, Roi de France en 1314, fils de Ph. le Bel
25: 1316 Jean le Posthume, Roi de Navarre et de France entre naissance et mort pendant 4 jours du 15 a 19 novembre, fils du Hutin.
26: 1316 - 1322 Philippe II "Luzea", Roi de Navarre, ou Philippe V le Long, Roi de France, fils de PH. le Bel
27: 1322 - 1328 Charles I "Burusoila", Roi de Navarre, ou Charles IV le Bel, Roi de France, fils de PH. le Bel
28: 1328 - 1349 Jeanne II, Reine de Navarre, fille du Hutin, qui avait été écartée en 1316 par le Long au titre de la Loi Salique qui favorisait la descendance mâle, Loi qui avait cours en France mais pas en Navarre.

Sire Jean Corbaran de Lahet, ( de Lète pour G.A. de Tolosa ), ricombre et alferez, était gouverneur de la Navarre pour le compte de Philippe le Bel.

Dans quelle langue communiquaient donc ces princes aux cultures aussi différentes : en latin sans doute, que toutes les élites parlaient, avec des interprètes ecclésiastiques.

La transition se sera donc faite en 1234 entre Antso Azkarra, mort sans postérité, et son neveu Thibaud, 19ème Roi de la Navarre (Theobaldo Lehena) comte de Champagne, fils de Blanche de Navarre, soeur d'Azkarra.

Ce dernier est comte de Champagne et de Brie ( plus de 30.000 km2), mais Roi de Navarre (seulement 10.000 km2). C’est cependant ce titre que préfèrera le Roi Trouvère, un des meilleurs poètes de son temps, qui tenait peut être de sa mère sa qualité de koblakari.

 

Un destin tragique sera celui de son petit-fils Thibaud qui en 1273 échappa aux bras de sa nourrice, alors que celle-ci se penchait à une haute fenêtre du château de Lizarra/Estella, et se tua 20 métres plus bas.

Henri I, le Roi son père en mourut de chagrin en 1274 et Jeanne, la fille devint Reine.

 

Elle se mariera avec Philippe le Bel : c’est ainsi que, par l’imprudence d’une nourrice, le Royaume de Navarre passera à la couronne de France.

 

 Lorsqu’elle s’est constituée en Royaume, la Navarre comptait environ 65.000 habitants, pas plus .

 ( De même, Bizkaia, la province basque aujourd’hui la plus peuplée, dans laquelle la seule population de la conurbation de Bilbo approche le million de personnes, avec 5 villes de plus de 100.000 habitants dans ses banlieues, Bizkaia comptait avant l’an mil moins de 10.000 habitants)

Ce royaume de Navarre donc, sans doute le plus petit d’Europe, à duré plus de 4 siècles sous l’autorité de Rois indigènes, à l’époque la plus agitée des peuples européens.

Parfaitement démocratique dans son mode de fonctionnement, multiracial dès avant sa création avec la présence ( quoique parfois conflictuelle ) de Vascons, de Latins, de Juifs, de Wisigoths, de Maures, de Vikings ou autres Anglo-saxons, la présence de la principale voie jacobite sur son territoire sera exploitée par les Rois Basques pour favoriser l’implantation de nombreux commerçants francs-bourgeois et la création de nombreuses villes franches.

Le Royaume de Navarre et celui des Asturies, seront les premiers en date des Royaumes chrétiens, modernes et démocratiques.

 

 Le Premier Parlement d’Europe à avoir solennellement siégé est celui de Pampelune (Cortés); ce fut en 1134 pour annuler le testament du Roi Alphonse le Batailleur (qui, n'ayant pas d'héritier, léguait la Navarre à ses frères d'armes, les ordres militaires du Temple et de Jérusalem) et se choisir eux-mêmes leur Roi.

 

Situation échappant à la logique du système féodal français où, de plus, toute charge procédait du Roi, du moins à l’origine, alors qu’en Navarre et Pays Basque le Roi n’a d’autre autorité, là aussi à l’origine, que celle déléguée par les représentants des maisons ou Etxeko Jaun, tout Basque étant un homme libre. Statut qui a donc permis aux Basques Navarrais de l’époque, au moins par deux fois, de refuser le prétendant qui avait été choisi par le prédécesseur ou qui semblait légitime et d’imposer leur choix : « trône offert par les Navarrais »


Situation qui paraîtra paradoxale à Thibaud de Champagne, Teobaldo Lehena, formée aux coutumes de l’aristocratie féodale française , quoique descendant et héritier de la maison de Navarre, qui, lorsque la branche régnante autochtone s’éteint, devint Roi de Navarre de 1234 à 1253 et doit, pour être accepté par « son » peuple, jurer de respecter ses fueros (libertés appelées plus tard privilèges par la Révolution française et dont la nuit du 4 août 1789 a spolié les Basques).

Teobaldo,  ne connaissant pas ces fueros de tradition orale,  dut dire « j’hallucine !».

On entreprendra de les faire écrire.


Voilà le pays qu’Aymeric Picaud, chroniqueur français du Moyen Age, traite de barbare, différent de tous les autres par les coutumes et la nature de ses habitants, aux mœurs sexuelles bestiales, au « langage barbare qui rappelle les aboiements de chiens »

Gavache ! Jacasse archéojacobine !


Ta fin,
vieux Royaume de Navarre,
saigne encore au cœur des Basques
.

 

 

Erribera, herri behera, zure landen zabalera
ortzemuga den hartan mugatzen da.
Zure lur emankorretan ixurtzen diren asmoak,
gogotsuki hartuko ahal ditu lur gozoak
.
Zure gaztelu zaharrek gorderik duten aintzina,
hats tristetan mintzo da haren mina.
Orma zahar arrailtuetan xoriak dira kantatzen,
mendetako lo geldia dutela salatzen.

Nafarra, anaia zaharra,
kondairaren lehen sustarra,
bego higan arbasoen amets hura


Ribera, bas-pays, ton territoire immense n'est limitée qu'à l'horizon.
Puisse ta bonne terre fertiliser les germes confiés à ses espaces féconds.

Tes vieux châteaux révèlent tristement le douloureux passé qu'ils cèlent en eux.
Les oiseaux chantent aux vieilles murailles lézardées, pleurant la léthargie des siècles passés.


Navarre, frère aîné, première souche légendaire, qu’en toi perdure cette ambition de nos ancêtres.