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« Die 11 aprilis (1610) fuit baptisatus Martinus filius Joanius d’Olha et Sabadina de Hiriard quem Martinus de Lehet Jussan et Maria Haranchipi in fonte baptismatis tenuerunt »

Avec son texte latin écrit par Pedro de Axular lui-même, un premier acte d’état civil (baptême) dans lequel apparaîssent les noms Lj et d’Olha en avril 1610 : Joannius le père, Martinus le fils et autre Martinus le parrain sont tout les trois des Lj dont au moins les deux premiers habitent Olha.

On peut de plus conclure de cette situation que Joannes Dolha et Sabadine de Hiriard sont sieur et dame, sans doute jeunes, de Olha .

Sieur jeune à moins que Martissans de Lahetjuzan ne soit décédé entre 1600 et 1610, puisqu’il est porté sieur de Olha au début du siécle.

En 1630 c’est Miguel de Lj qui sera sieur jeune de Olha

 

Quelques explications :

Lorsqu’on est l’aîné(e) d’une famille on est dit « héritier(e) » de la maison et des biens de la famille.

Lorsqu’on est héritier et que l’on se marie et en tout cas à la naissance du premier enfant, on devient sieur ou dame (ou sieur et dame) du domaine, si petit soit-il.

Si le couple précédant de parents est vivant il devient « sieur et dame anciens » et le nouveau couple « sieur et dame jeunes »

Et si poursuivant la démarche un nouveau couple apparaît encore, il sera « sieur et dame les plus jeunes », et le couple précédent parfois « médiat »

Seul les couples de maîtres peuvent vivre à la maison ; peuvent y rester aussi les célibataires.

Les descendants quittant la maison sont dédomagés ou dotés par les maître restant en place.

Et au fur et à mesure que les maîtres(ses) disparaissent, le conjoint survivant restera sieur ou dame ancien(ne) selon que c’était l’héritier(e), étant devenu parfois cosieur ou codame si ce n’est pas le cas

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Le 17 novembre 1611 un autre acte de baptême pour « Martinus, filius Michailis de Harosteguy et Maria de Lehetjussan », dont Martinus de Lehetjussan et Maria de Harosteguy sont parrain et marraine.
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Jehannes de Lj est marié à Marie de Matchis et habite Urdax en 1629 ; il est dit fils de Martissans de Lj et de Marie d’Ibarolla cités sieur et dame de la maison Olha Jaureguy au début du siécle, tandis qu’en 1630 Miguel de LJ, époux de Joana Lafarga de Sampau à Arbonne, est dit sieur jeune d’Olha.
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Un contrat de transaction notarié daté du 28 novembre 1642 tentera de régler un litige intervenu en contestation de la coutume qui voulait que suivant l’ordre établi se présentent les premiers à l’offrande à l’église ainsi qu’aux processions, d’abord le sieur de Lahet, puis celui de Lahetjusan.
A la cérémonie de la Saint Martin, patron de la paroisse, se présentèrent cette fois l’abbé (maire) et les jurats, ne respectant donc ni le droit ni la coutume.
Ce litige de préséance ne sera pas encore réglé au 21 juin 1688 où sera établi un nouvel acte notarié.

La famille noble des Lahet fut longtemps la première à Sare.
Puis le nom ayant localement disparu sous sa forme primitive, les branches cadettes de la famille lui survécurent sous d’autres noms, dont Lj.
Bientôt les rares préséances qui restaient à ces familles furent elles-même contestées, le Roi, par besoin d’argent, ayant mis sur le « marché » la liberté administrative des communes contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Azkaine, Ziburu, Biriatu, Uruña l’achetèrent au début et Sara à la fin du XVIIème siècle.
Ces avantages, qui nous semblent dérisoires, étaient essentiels dans cette société hiérarchisée ou chacun rêvait d’annoblissement.
Eternelle remise en question des positions acquises que nous retrouvons deux ou trois fois par siècle ; en fait à chaque génération.
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Le 29 décembre 1656 décéda maistre Dominique d’Olhaiaundegui ayant reçu les sacrements et dont on ne sait pas où il habitait.
Doit-on conclure, compte tenu de l’époque, à laquelle les personnes portaient le nom des maisons, qu’il s’agit de Dominique d’Olha Jaundegi ( = Jauregi) et qu’il s’agit d’un LJ, tout comme en 1695 Martin d’Olha qui épouse Marie Fagoague de Zugarramurdi et qui sera cité Martin de LJ en 1698. Je ne reviens pas sur le cas de Thomas déjà cité.
Précisons encore que lorsqu’on trouve Olha Jauregi ou Jaundegi il s’agit de la maison d’Olha citée avec les titres qu’on lui connaît
Dominique est d ailleurs un prénom avec Vincent et quelques autres qui apparaît souvent dans les actes des LJ. Mais il semble exister d’autres Olhaiaundegi à Sare.

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Puis c’est Miguel d’Olha avec Marie de Portasain/Portari qui seront dits en 1737 sieur et maîtresse jeune d’Olha.
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Début 18ème siècle Martin de LJ, sieur de Luberria / Kaikuenea (Sr) est maire abbé (auzapeza) de la paroisse (le mot commune qui date du Moyen Age n'est pas encore revenu en usage).
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Le 17 août 1714 ont lieu les obsèques de Martin de LJ, âgé d’environ 25 ans, fils cadet de Sorropilla (Sp) d’Amotz, mort vers la st Pierre dernière à l’Isle de la Martinique dans la frégate de course (corsaire) du sieur de Haraneder
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Le 22 avril 1715, décès de Joannes de LJ, fils d’Amotz Oyerenea (Sp), mort dans un navire de Maistre St Martin Jalday qui allait en Terre Neuve à la pêche à la morue

 

A titre d’exemple, et sans qu’il s’agisse toujours de gens de notre ascendance quelques cérémonies funèbres d’entre l’été de 1712 et celui de 1715 :
Pierre de Haurichon, mort en course dans une frégate (corsaire)
Valentin Hiriberri 16 ans mort aux tuileries de Saintonge
Bernard de Lafourcade mort en course à la Martinique
Bertrand de Lalanne messager mort en Saintonge
Betri Duhalde 25 ans mort en course depuis quelques temps
Catherine de Don…….60 ans morte en chemin de pèlerinage à Rome
Miguel de Gracien noyé dans l’Ile de Terre Neuve
Miguel d’Etcheto 20 ans mort au nord dans le navire du capitaine Michel Lans dont on n’a aucune nouvelle
Domingo d’Ibarrola tué d’un coup de foudre
Joannes d’Etcheverri 18 ans mort aux tuileries de Saintonge
Martin Lahetjusan de Chorropil 25 ans mort à la Martinique
Pierre Diharsa 25 ans mort dans un navire à la pêche à la morue
Dominique de Hiriart mort en Espagne en revenant des tuileries de Saragosse ; Joannes de Chipy mort à l’hôpital de Saragosse où il travaillait aux tuileries ; de même que Martin d’Etchegarray.
Marsans d’Inarre mort par accident
Bernard d’Etchegarray 25 ans mort ou noyé à l’Amérique
Jean de Franque mort à Icasteguieta (mine de charbon) en Gipuzkoa
Le même jour Estebene de Moleres et Joannes de Behola 50 ans, mère et fils
Joannes de Lafourcade, Chochorenea, mort à la pêche à la baleine
Miguel de Hirigoyen mort dans un navire en Terre Neuve à la pêche à la morue
Bertrand de Hiriart fait quelques temps aux tuileries de Saintonge
Joan gaspard pauvre mendiant
Joannes Daguerre 35 ans mort aux tuileries de Saintonge
Joannes de Haliry mort aux tuileries
Joannes de Lahetjuzan mort à Terre Neuve à la pêche à la morue
Joannes de Borda noyé sur mer quelques temps auparavant
Detchepare mort sur mer à la pêche à la morue
Voilà pour 3 années

Il y en a comme cela des centaines dans les actes d’état civil, souvent jeunes mais en fait de tous les âges, 14 ans pour le plus jeune, 68 pour le plus âgé, qui meurent en mer ou aux tuileries, parfois « en famille » le père et le fils ou l’oncle et le neveu, parfois plusieurs dans la même famille par génération et dont il arrive que l’on n’apprenne la mort que 6 ou 7 mois plus tard.

Ainsi le 27 décembre 1739 où l’on célèbre 2 cérémonies funèbres à Sare
- Joannes de Hiriart, marin, 35 ans, fils de Bourquia, décédé dans l’isle de la Guadeloupe le mois de may dernier, le dit Hiriart était absent de chez lui depuis 15 à 16 ans
- Martin de Hiriart, marin, 32 ans, fils de Bourquia, décédé à l’hôpital du Fort St Pierre de la Martinique aux isles Antilles le 2 juillet dernier

 

Mais on meurt aussi « assassiné sur le grand chemin d’ici Souraïde trois heures auparavant » ou « péri dans une frégate de St Sébastien qui a sauté en l’air le feu ayant pris à Ste Barbe (munitions) » ou « qu’on croit décédé en Espagne n’ ayant aucune nouvelle depuis de longues années » ou même plusieurs fois « décédé dans le navire d’un négociant de Bordeaux qui faisait la traite des négres en Guinée où il était depuis 1 an et demi !! » ou encore tout simplement « ayant chuté d’un cerisier », c’est en 1773, à Elsauspea de Sara, où un Etienne meurt ainsi à 80 ans !
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Joanny LJ fils de Juanicotenea (Sr) fera partie des 16 saratar morts en mer pour la seule année 1716, lui à Terre Neuve.

Ils seront 203 à disparaître de Sare en 33 ans (statistique partielle), à la pêche à Terre Neuve, à la guerre de succession d’Espagne, dans les prisons anglaises ou espagnoles, à la guerre de 7 ans, comme corsaires du Roi, à la guerre d’indépendance d’Amérique.

A titre de comparaison 569 pour Urruña (qui est beaucoup plus vaste qu'aujourd'hui ) en 110 ans, 533 pêcheurs ou corsaires pour Donibane/Ziburu/Urruña en 8 ans pour la seule guerre de succession d’Autriche, Saratar non compris donc, dont 41 Uruñar.

Une confrérie existe qui mutualise les frais entrainés par ces décés en mer ainsi qu’indique ce texte inclus dans l’acte de décés de Joannes fils de Larraldea de Sara, noyé en pêche : "hauche da haurten 1726 urthean jondoni Vichinchoren confradian lehen hil dena eta sarthua da iasco contuetan 1725 etacoetan"
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Impressionnant aussi le nombre de femmes qui meurent en couche, et bien sûr presque toujours jeunes elles aussi.
Sans compter les périodes de famine ou d’épidémies où certaines semaines on inhume plus d’une personne par jour dans les villages de Sare ou St Pée qui ne comptent qu'autour de 2000 habitants
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Le moulin à eau d’Olhakoerrota (Sr) situé en bas de la ferrerie d’Olha, et qui ne doit donc pas être confondu selon X. Elosegi avec l’actuel, du même nom, qui est situé à proximité mais à St Pée et plus près de la Nivelle, avait été vendu en 1745 par Martin et Miguel d’Olha au sieur Haranboure. Il sera racheté par Thomas en 1775. (M.L. nota 64)
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Une curiosité, cet acte de décès d'un ermite, écrit dans les 3 langues :
Le ... janvier de l'an 1728 mourut à Urdax - anaya Joannes - que antes vivio en Larrun
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Pierre de LJ est régent (errienta = maitre d’école) à St Pée dans les années 1730
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Au milieu du siècle, Pierre de LJ sieur d’Ithurriaga (Sr) et Hargainea, est maire abbé (hauzapeza) de la paroisse de Sare .

De lui le texte qui suit, traitant des faceries entre Sare et ses voisines du sud:
- Saran buruilaren 25an 1769
Yaunac
Escribatcen darotçuet presenteco carta hau, çuey aditcerat emaiteco nola ezcurra debecatu dugun, eta hortaracotz çuen aciendac yçanen duçue borondatea erretiratceco helduden hilaren hirureco, guc gureac eguinen tugun beçala.
Bertce alde badaquiçue gure faceriac hillac dagocila; nahy guinduque har baceneçate egunbat helduden hilaren hogoya bizquitartean berrien eguiteco, hortaracotz yçanen duçue borondatea yaunac marquatceko eguna, elgharren artean unione on bat yçaiteco, lehen costumatcen dugun lekhuan;
etanaiz errespeturequin yaunac çuen cerbitzaria
Piarres Lahetjuzan Saraco alcatea
Extrait de "Revista internacional de estudios vascos,textos euskericos del siglo XVIII Adminiztrazio zibileko testu historikoak (Imanol Trebiño)"
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De cette même époque ce texte arin-arin, écrit en fin d’un des cahiers d’actes d’état civil de Sare et retranscrit tel-quel : je fet lamour aune brune jenesepasijeloré-oi jeloré quoi quil manquoute verse moi du vin il fot que jean goute vive le vin vive lamour. quoique lamour soit agreable il fot saboir lagouberné.
Ce qui ressemble fort à des paroles d’une chanson libertine… et philosophique !.

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Le 19/09/1767 une lettre envoyée par Jean Lahet-Juzan depuis Port au Prince annonce la mort de Jean Barnetche arrivée le 04 05 1767.
Il écrit à nouveau pour annoncer le 20 09 1767 la mort de Pierre Goyetche au Cap en juin
Le 30 11 1767 c’est le service funèbre de Jean LJ lui-même qui est célébré, 26 ans, fils d’Hargainea (Sr), décédé vers le milieu de juillet à l’hôpital royal du Cap St Domingue et inhumé dans le cimetière du dit hôpital

 

23 novembre 1770 service funèbre d’Etienne LJ fils d’Elchauspea (Sr) décédé le 2, à 20 ans, à Pons en Saintonge.